Shadows have faces (5)
Quand j’ouvre la porte de la « cuisine » du fast food avec un retard maintenant de 23 minutes, le regard haineux de Todd le manager ne laisse rien présager de bon. Pour le coup je crois pendant quelques minutes en mes talents d’acteurs tellement mon licenciement n’est pas passé loin. Je réussi à enrober correctement une excuse bidon avec une moue de chien battu. L’allusion au « voisinage malveillant » à l’origine de mon pneu crevé ne me rend pas fier car c’est caresser la fibre raciste affichée par ce conard. L’instinct de survie nous pousse souvent à faire des choses peu recommandables et je me jure encore une fois que ça n’arrivera plus.
Je suis en colère, colère qu’il est tentant mais dangereux de passer sur les sandwichs. Il serait malvenu pour ma carrière de « chef cuistot de fast food» qu’un client vienne se plaindre qu’il manque à son cheeseburger la tranche de fromage. Mon esprit se perd de toute façon rapidement dans d’autres pensées. La pause arrivée je suis passé à autre chose et revenu à mon sujet de prédilection en ce moment. Jenny. Elle travaillait là quand je suis arrivé. C’est la seule qui a passé outre le fait que je sois français. Pas que ça soit mal vu. Mais je vous décris une première conversation typique à mon arrivée:
- Hey, where are you from?
- I’m French.
- You don’t sound like one
- My mom is from NY
- Awesome. I speak french you know.
- Yeah ?
- “Voulay-vous couchay avec moi ce soir” … That’s all I know man.
- Ahah (sourire gêné)
Après ça j’étais nouveau et étranger, celui qu’on ignore gentiment.
Jenny c’est la seule qui n’a pas essayé de me parler français. Elle ne connaissait rien à
Le jour de son départ c’est elle qui m’envoie un message sur mon portable.
My plane is leaving in a few minutes. I’m sad we miss each other the last few days. Hope we will see each other again one day. I like you a lot.
“FUCK !”
L’exclamation a probablement retentie jusqu'au bout du bloc.
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