vendredi, septembre 07, 2007

Shadows have faces (4)

Je me couche néanmoins confiant dans l’aide que va m’apporter ce programme. L’illusion dure jusqu’au matin. Je me lève difficilement, l’erreur de la veille semblant peser un poids réel sur mes épaules. Il me faut seulement 4 minutes pour faire monter mon énervement à son paroxysme. Le temps pour moi de découvrir qu’il ne me reste plus de Miel Pops, de prendre une douche froide persuadé que le ballon d’eau chaude déconne encore alors que je fini par m’apercevoir que j’ai tourné le mauvais robinet. Et enfin la cerise sur le gâteau, mon uniforme de travail n’est pas comme me l’a indiqué ma feignante mémoire PROPRE mais couvert de sauce tartare après l’explosion dans mon dos d’un sachet de sauce.

En claquant la porte avec 7 minutes de retard, je me pose alors deux questions un peu tard : comment ais-je pu croire que ce sachet de sauce a explosé « accidentellement » dans mon dos comme l’a laissé entendre Julian. Et d’égale importance dans ma tête : comment ma vie en est elle arrivé là.

Techniquement assez simplement, mes parents me disent souvent que ma procréation est le résultat d’un jour de septembre un peu trop froid. Si dès l’age de 8 ans je m’interrogeais s’il était bien avisé de dire une telle chose à ses enfants. J’ai réussi à croire qu’être adulte implique une sorte de capacité innée de bon jugement jusqu’à 12. Après quoi mon père voulu me prouver que la réparation d’une GameBoy était à la portée de n’importe qui du moment qu’on posséda un fer à souder. La marque large d’un demi centimètre de plastique fondu dans la console à jamais inutilisable ne me persuada que d’une chose, on m’y reprendrait difficilement à faire confiance à tout individu mesurant plus d’un mètre. Mais blâmer mes parents serait choisir la solution de facilité. Il y’a aussi la société, le système éducatif, Dieu et l’univers. Je pense qu’il est vain d’ajouter une doléance de plus dans le cahier infini des réclamations à Dieu sachant que son taux de résolution est inférieur à la plus mauvaise hotline de service après vente et j’estime dangereux de faire n’importe quelle objection à l’univers qui pourrait très bien décider de faire croiser ma route avec celle d’un 35 tonnes histoire de me remettre en perspective. La société tout comme son système éducatif, j’écrirais bien à son propos un pavé incendiaire de récriminations mais j’ai peur de sonner comme un adolescent prépubert ayant du mal à comprendre qu’être un anarchiste signifie plus que mettre sa chambre en bordel.

Bref très vite on se retrouve face à l’unique vrai coupable. Moi. C’est la même prise de conscience qui m’apparu deux jours après avoir foulé pour la première fois le sol américain quand le voile de la colère commença à se dissiper. Mon exil a été provoqué par un désaccord avec mes parents qui après le redoublement de ma licence refusèrent de financer une année supplémentaire selon leurs propres termes de « beuverie et de débauche ». Si je leur accorde « beuverie », je conteste avec regret « débauche ». Toujours est-il que dans un entêtement adolescent j’achetais en secret mon billet d’avion et déployait une énergie inhabituelle dans l’obtention de mon visa. La maîtrise de la langue anglaise est la seule réussite de mon parcours scolaire, chose dont je retire une fierté ridicule car avec une mère américaine je suis bilingue depuis que je suis en age de parler. J’imaginais donc que mon voyage serait un parcours de santé pour troisième age. Je m’aperçu en fait rapidement que le premier chapitre de ce périple ne s’intitulerait pas « Mon retour triomphal : Pourquoi j’avais raison » mais « Survie dans un monde inamical et peu compréhensif ». Il me fallu un mois pour trouver un appartement, et mon boulot au Burger King. Un mois à revoir chaque jour mes exigences à la baisse et à observer le reste de mes économies sur mes bourses universitaires fondrent dangereusement.