La couleur des jours (9)
Et elle est fatiguée d’être blessée. Fatiguée d’être en colère. Elle veut juste. Etre bien. L’avoir là. Sa tête. Au creux de son épaule. Elle s’assoit sur un porche. Elle ne pleure pas. Ce n’est pas l’envie qui lui en manque. Pourquoi est-ce qu’on est si souvent en décalage. « Vous vous avez besoin d’une clope ». Le ton est poli et à la fois irrévérencieux, il faut avoir pratiqué beaucoup des deux pour le faire sonner de façon si parfaite.
L’homme qui lui tend un paquet tout écrasé, était en fait installé là avant elle. L’homme fait la manche. Une odeur forte qui est à la limite du désagréable. L’homme a du être beau. Depuis trop de choses lui sont arrivés. Son visage est marqué profondément. Ravagé même. Elle accepte la cigarette sans un mot. Se relève à demi, l’homme lui allume la cigarette. Elle retourne s’asseoir maintenant, l’écart de trois mètres entre eux. Elle tire une bouffée, elle n’a pas fumé depuis la fin du lycée. Une dispute qui lui a coûté une relation l’a convaincu d’arrêter. La sensation est agréable, mais l’écoeurement qui est rattaché à l’acte est trop fort. Elle écrase la cigarette violemment sous son talon. Face à la grimace de l’homme, elle s’empresse de s’excuser. « L’alcool me tuera avant la cigarette » lui répond il. Ni haine. Ni regret. Ni fatalisme ne transpirent de cette phrase. Une constatation froide, qui lui fait remonter un frisson dans le dos. Elle s’apprête à chercher un billet dans son sac, mais tout d’un coup elle a ce sentiment horrible que ça ne serait que le pousser un peu plus vers la mort. Elle se lève. Lâche un « Je reviens ». Elle lui ramène un sandwich. L’homme l’accepte avec un sourire triste qui semble lui dire : Ca changera rien de toute façon .
« Vous vous appelez ? »
« Miguel » grommelle l'homme.
« Bonne fin de journée Miguel, et merci pour la cigarette »
« Merci pour le sandwich » dit il en s’affaissant un peu plus contre le mur. Elle traverse la rue vers son appartement. A ce moment précis elle a cette impression vraiment étrange qu’elle ne ressent vraiment rien.
L’homme qui lui tend un paquet tout écrasé, était en fait installé là avant elle. L’homme fait la manche. Une odeur forte qui est à la limite du désagréable. L’homme a du être beau. Depuis trop de choses lui sont arrivés. Son visage est marqué profondément. Ravagé même. Elle accepte la cigarette sans un mot. Se relève à demi, l’homme lui allume la cigarette. Elle retourne s’asseoir maintenant, l’écart de trois mètres entre eux. Elle tire une bouffée, elle n’a pas fumé depuis la fin du lycée. Une dispute qui lui a coûté une relation l’a convaincu d’arrêter. La sensation est agréable, mais l’écoeurement qui est rattaché à l’acte est trop fort. Elle écrase la cigarette violemment sous son talon. Face à la grimace de l’homme, elle s’empresse de s’excuser. « L’alcool me tuera avant la cigarette » lui répond il. Ni haine. Ni regret. Ni fatalisme ne transpirent de cette phrase. Une constatation froide, qui lui fait remonter un frisson dans le dos. Elle s’apprête à chercher un billet dans son sac, mais tout d’un coup elle a ce sentiment horrible que ça ne serait que le pousser un peu plus vers la mort. Elle se lève. Lâche un « Je reviens ». Elle lui ramène un sandwich. L’homme l’accepte avec un sourire triste qui semble lui dire : Ca changera rien de toute façon .
« Vous vous appelez ? »
« Miguel » grommelle l'homme.
« Bonne fin de journée Miguel, et merci pour la cigarette »
« Merci pour le sandwich » dit il en s’affaissant un peu plus contre le mur. Elle traverse la rue vers son appartement. A ce moment précis elle a cette impression vraiment étrange qu’elle ne ressent vraiment rien.