lundi, juin 26, 2006

La couleur des jours (7)

Marine est revenue devant son appartement. Elle n’a qu’une envie, rentrer chez elle, ouvrir un énième pot de Nutella …So cliché. Pourtant devant la double porte de l’immeuble elle hésite.

Une journée violette est normalement synonyme de changement, et pour l’instant elle n’a fait que répéter l’histoire une centième fois.

Soudain une odeur lui chatouille le nez, une odeur de pain frais. Elle relâche la poignée qu’elle serrait de toutes ses forces sans même s’en rendre compte. Elle traverse la rue de son fameux air décidé et entre dans la boulangerie comme si elle allait annoncer quelque grande nouvelle. La boulangère et sa stagiaire la regardent d’un air interrogateur sans même tenter de placer un bonjour.

« Un éclair au chocolat ET des chouquettes ! ».

La boulangère soupire, un peu étonnée que les excentricités de ses clients puissent la surprendre encore.

mardi, juin 20, 2006

La couleur des jours (6)

La malédiction de Marine -son caractère- fut révélée avec l’apparition de sa première dent quand elle mordit le doigt d'une tante qui avait dépassé la dose acceptable de gouzi-gouzi. Après cet incident tout n'avait fait qu'empirer.

A la fin de la maternelle sa mère qui l'élevait seule avait déjà abandonné. Sa patience et son imagination en matière de punitions furent rapidement épuisées par les multiples convocations et confrontations avec les parents furieux. Chaque nouvelle récréation devenait un nouvel incident diplomatique potentiel. Un jouet emprunté un peu trop longtemps, un tour de corde à sauter en trop, et le ou la malheureuse pouvait aller se faire soigner son égratignure d'un sparadrap et d’un bisou baveux d’une dame de service à l'infirmerie. Ses camarades l'apprirent rapidement et souvent à leur dépend : on ne faisait pas dire deux fois la même chose à Marine.

Si l'obligation de se plier un tant soit peu à la société pour pouvoir y survivre espaça un tant soit peu les incidents, le temps ne rendit pas les confrontations moins violentes. Car en même tant que le collège Marine découvrit cette merveilleuse arme qu’est l’impertinence.