mardi, mai 16, 2006

La couleur des jours (5)

Marine marche jusqu'à un métro, et en plein milieu d'un couloir elle s'effondre en larmes. Elle s'appuie contre un mur et se laisse doucement glisser. Recroquevillée elle sanglotte pendant de longues minutes. Les gens passent en la dévisageant longuement. Certains hésitent quelques instants à intervenir mais la peur de s'embarquer dans une situation non controlée les effraie et ils passent leur chemin en lui jetant un dernier regard avant de la perdre des yeux.
D'autres passent comme s'ils ne la voyaient pas, pensant être assez crédibles dans leur rôles pour que les autres pensent qu'ils ne l'ont même pas remarqué. Seulement personne n'est dupe.

Et puis un ado s'arrête: "Eh ça va madame". Marine sursaute, surtout du fait qu'on vienne de l'appeler madame.
Elle sourit vaguement en reniflant. "Vous vous êtes faite dépouillée" demande t'il curieux. "Eh j'ai un mouchoir si vous voulez". Marine secoue doucement la tête et en sors un de son sac. Elle inspire un grand coup: "Non on m'a pas agressé, merci, juste un petit coup de déprime".
-"Ha..." du coup le garçon est un peu gêné, les embrouilles font parties de son quotidien mais la déprime c'est plus effranyant que les embrouilles. C'est pas quelque chose de palpable, pas quelque chose que l'on avoue à un inconnu dans le métro.
- "Ca va aller merci tu es gentil" dit Marine en se relevant.
- "Ouais nan, bah normal quoi" lui dit il en commençant à s'éloigner.